CHRONIQUE #2 – Le vent rêve la nuit

L’écriture comme le vol d’un oiseau

Une poésie qui se veut aérienne, mais dont on perd peu à peu les repères au fil de la lecture.

            Le vent rêve la nuit de Maryse Poirier est un court recueil publié en 2016, séparé en deux parties. Les poèmes brefs, qui ne font généralement pas plus de la moitié de la page, sont sans titre et sans ponctuation, donnant un effet de douceur au recueil, à défaut d’avoir une structure précise du « récit » raconté à travers les pages. En effet, cette lecture laisse entrevoir une légère impression de fil continu, mais il est difficile de s’y retrouver. Il y a peu de points de repère dans le recueil, si ce n’est la « chute » de la fin.

Une opposition ciel et terre ferme

Maryse Poirier aborde plusieurs thèmes dans son recueil, mais il est facile de voir qu’elle met en opposition « l’aérien » et « le terrestre », ou parfois « l’aquatique », et ce, à de nombreuses reprises.

tu prononces les questions de la nuit

elles volètent       tessure étrange

mouvement aquatique de ton esprit (p.28)

L’amour est aussi exploré à travers les « trajectoires amoureuses » des oiseaux (p.16) ainsi que l’enfance. Le temps s’écoule, invite celui ou celle à qui les mots s’adressent de tourner les pages, jusqu’à ce qu’il y ait la chute fatidique. La nature est aussi prédominante : oiseaux qui virevoltent, arbres qui deviennent des confidents, le vent qui rêve de la nuit …

Des images en mots

            La poète semble donner une certaine importance à l’image. Bien que son recueil en soit dépourvu, outre la couverture rappelant vaguement les ailes d’un oiseau, elle affirme s’inspirer, pour Le vent rêve la nuit, de la « résonnance poétique » qu’elle a perçu de clichés que lui a remis le propriétaire de la galerie d’art du même nom à Montréal, Yves Laroche (mentionné à la fin du recueil). La poésie de Maryse Poirier joue avec l’aspect visuel, non pas par la forme de ses poèmes, mais par un tout petit détail qui intrigue.

au fond de ta poche

quelque monnaie de brique

bat la mesure       friable

de ton égarement (p.10)

De nombreux espacements entre les mots sont visibles à travers le recueil. La poète voulait-elle instaurer un effet de pause ? Donc un effet exclusivement oral, une poésie destinée uniquement à la lecture orale pour en saisir le sens ? La raison reste obscure. Cette confusion est accentuée par un potentiel défaut d’impression à certaines pages, les espacements remplacés par des tirets (à moins que cela ait été fait volontairement).

            Malgré ces questionnements qui me sortent totalement de la lecture du recueil, j’ai particulièrement aimé que la poète s’adresse à elle-même ou à un destinataire quelconque quant à l’écriture même de sa poésie. L’utilisation de la deuxième personne permet une lecture très douce du recueil, la poète s’adressant à la fois à elle-même qu’à autrui, lecture accentuée par les thèmes abordés, qui restent simples.

le_vent_reve_la_nuit_c1

☆☆☆

Maryse Poirier

Le vent rêve la nuit

Trois-Rivières. Écrits des Forges

2016, 67 p., 15.00$

 * Critique rédigée dans le cadre d’un travail scolaire.

Lien d’affiliation avec Les Libraires Canada

Laisser un commentaire